Alban Berg, 1885-1935 (A)
Suite Lyrique
Johannes Brahms, 1833-1897 (GER)
Liebeslieder Walz extraits
Anton Webern, 1883-1945 (A)
Langsamer Satz
Note d’intention
Le sentiment amoureux, tout comme la foi religieuse, est une source majeure d'inspiration artistique. Ce programme de concert réunit trois œuvres nées du vécu émotionnel et passionné de leurs compositeurs, proposant à l’auditeur un voyage captivant entre rêverie et amour tragique.
« C’est la musique la plus belle que j’aie jamais écrite, je crois. » (Alban Berg)
Fascinante composition dont la genèse est digne d’un roman, la Suite Lyrique d’Alban Berg est une oeuvre conçue d’abord pour quatuor à cordes puis arrangée quelque temps après pour orchestre à cordes par Berg lui-même. Composée entre septembre 1925 et octobre 1926 et dédiée à Alexander Von Zemlinsky (son ancien professeur), elle déguise l’histoire d’une profonde et violente passion qu’Alban Berg a éprouvée pour Hanna Fuchs-Robettin, qui fut son hôtesse durant une semaine lors d’un voyage à Prague en 1925. Aucun des deux ne souhaitant détruire son foyer, l’histoire restera platonique et sans espoir, mais se poursuivra jusqu’à la mort du compositeur en 1935. Alban Berg écrira secrètement à Hanna durant toute sa vie, lettres qui n’ont été connues qu’en 1976 - année du décès de la femme de Berg. On a retrouvé, chez la fille d’Hanna, une partition de la Suite Lyrique entièrement annotée par Berg lui-même, à l’intention de la femme aimée.
Cette partition, où s’alternent des mouvements écrits selon les techniques de la musique sérielle ou non sérielle met en évidence une cellule mélodique de quatre sons qui représentent les initiales d’Alban Berg et Hanna Fuchs... mais aussi deux citations lourdes de sens: un thème de la Symphonie
Lyrique d’Alexander Von Zemlinsky qui s’appuie sur le texte « Du bist mein Eigen » (« Tu es mon moi propre »); et le leitmotiv du désir de Tristan et Isolde de Wagner, symbole de la réunion des amants dans la mort.
Langsamer Satz pour quatuor à cordes d’Anton Webern est écrit à la fin de sa première année d’étude avec Arnold Schoenberg en 1905. L’œuvre ne sera pourtant créée qu’en 1962. Webern est connu pour être l’un des fondateurs de la Seconde École de Vienne et du dodécaphonisme, mais cette pièce fait partie de ses œuvres de jeunesse, encore écrites dans un système tonal. Ce petit chef-d’œuvre exprime une infinité d’émotions dans un style clairement romantique. Webern en aurait été inspiré par une randonnée dans les montagnes autour de Vienne avec sa future fiancée.
Les Liebeslieder-Walzer auraient pour origine, dit-on, l’amour contrarié de Johannes Brahms pour Clara Schumann. À moins que ce n’ait été suite à un épisode amoureux non abouti du compositeur pour Julie Schumann, la fille de Robert et de Clara... Écrites en 1869 et 1874 pour piano à 4 mains et voix dans le style Ländler, sur des textes tirés du recueil Polydora de Georg Friedrich Daumer, ces valses expriment la large palette des sentiments amoureux et furent très appréciées du public autant à leur création que depuis celle-ci.