Nino Rota (1911-1979), Concerto pour cordes
Gustav Mahler (1860-1911), Adagietto de la 5ème symphonie
Ken Ueno (*1970), L'absence a des vertus expiatoires que la présence n'a pas, Création mondiale
Giya Kancheli (*1935), Night Prayers, pour saxophone et orchestre à cordes
Saxophone, Vincent Daoud
Note de programme
Si la musique classique épouse généralement la forme du discours, de l’expression cohérente et développée, celle qui se dédie au cinéma cherche plutôt à créer des climats, des espaces et des couleurs destinés à devenir le lieu d’une action. Mais il est des musiques qui se trouvent parfois à la frontière de ces deux univers musicaux. Nous vous invitons à découvrir avec ce programmes des œuvres qui n’ont pas été écrites pour le cinéma mais qui portent en elle une dimension cinématographique indéniable.
Dans sa colossale cinquième symphonie, Gustav Mahler choisit d’écrire un quatrième mouvement très lent, adagietto, dans lequel il réduit drastiquement l’orchestration. Le son des cordes seules, la musique poignante et intime qu’il en tire et les mélodie sans fin qui nous font perdre la notion du temps contrastent radicalement avec l’orchestration riche qui caractérise le reste de la pièce. Lorsqu’on l’entend choisie par Luchino Visconti dans le film Mort à Venise, on a peine à croire que cette musique n’ait pas été originellement conçue pour le cinéma, tant le son colle à l’image et la sublime.
Night Prayers de Giya Kancheli, est une oeuvre prévue pour le concert mais écrite par un compositeur rôdé à l’écriture pour le cinéma. Pour saxophone soprano et orchestre à cordes, il s’agit d’une musique spirituelle, évoquant un espace infini, un temps suspendu. Là encore le climat de la pièce précède le discours du saxophone et crée un lieu hors du temps dans lequel résonne la prière du soliste.
Nino Rota est un autre compositeur habitué des bandes originales du 7ème art. Nous avons tous en tête ses mélodies célèbres : le thème du Parrain, de la Dolce vita, de la Strada... Mais on oublie souvent que son œuvre dépasse largement le cadre du cinéma et son concerto pour cordes est là pour nous le rappeler.
Si la forme de la pièce, en quatre mouvement, est relativement classique, on retrouvera son sens exceptionnel de la mélodie et sa puissance évocatrice dans une œuvre qui n’a rien à envier aux grands compositeurs de son temps.
Composées en des époques et des lieux différents, ces œuvres partagent une conception singulière du temps musical. Dilatées, élargies, les mélodies et les harmonies nous perdent dans leurs méandres et nous invitent à porter davantage notre attention sur le climat sonore que sur le discours lui-même. Une occasion d’élargir notre perspective d’écoute, une écoute qu’on pourrait dire, pourquoi pas, en CinémaScope